Falher – une communauté en quête de soi…

26 novembre 2013

Falher – une communauté en quête de soi…

En empruntant l’Autoroute 43 dans le nord-ouest de l’Alberta, la distance entre Edmonton et Falher est de 431 km, donc, une petite randonnée en voiture d’environ 4 heures et demie. Si l’on rajoute certains « ingrédients » tels que de la pluie, de la glace, une ou deux tempêtes de neige, un orignal de mauvaise humeur, etc. – la randonnée devient alors un périple de presque huit heures…

Falher, petite localité du nord-ouest albertain, avec ses 1 100 habitants, fait partie de la région de Rivière-la-Paix. Falher est, sans contredits, la capitale nationale du miel au Canada. Nombreux sont les touristes qui se déplacent pour se faire photographier à côté de l’abeille géante, cette fière représentante de la famille des Hyménoptères (et hop, tous à vos encyclopédies !) est, aussi sans contredits, la plus grosse abeille au monde. Selon ma recherche rapide sur Internet, Falher, par l’entremise de ses 48 000 ruches, produit plus de 4,5 millions de kg de miel… de quoi bien se sucrer le bec! Chaque année, en juin, le Festival du miel célèbre l’importance accordée à cet élixir des dieux…

Y avait autrefois une émission de télé américaine ; Cheers ! C’était une comédie dont les scénarios se déroulaient dans un pub où « tout le monde connait ton nom »… Falher, c’est un peu cela… un charmant endroit où tout le monde se connait et où on est toujours heureux de se revoir…

Falher est une des quatre municipalités officiellement bilingues en Alberta ; les autres étant Beaumont, Legal et Plamondon. Il n’est pas rare d’y entendre des accents qui trahissent gentiment les origines québécoises des locuteurs locaux. Fondée en 1912 par le Père Constant Falher et des pionniers originaires du Québec et de la Nouvelle-Angleterre, la ville de Falher a aussi profité d’une migration importante de Beaucerons et de Bleuets (Lac-Saint-Jean) entre les années 1950 et 1980. Certaines familles francophones locales en sont donc à leur cinquième génération en tant que fiers Albertains.

Pourtant, l’image de paisible ruralité qui se dégage de Falher, les sourires et la joie de vivre de ses habitants ne cachent pas complètement l’inquiétude qui règne au sein de ses associations communautaires francophones. Suite à des déchirures pas encore complètement cicatrisées remontant à l’époque de l’obtention de la gestion scolaire francophone en Alberta en 1991(écoles francophone versus écoles d’immersion), à l’impact du dépeuplement rural au profit des centres urbains, et au vieillissement de sa population, Falher, tout comme d’autres communautés francophones albertaines, dites traditionnelles du nord-ouest et nord-est de la province, traverse une période de remise en question communautaire. Cette dernière se caractérise par une impression d’un certain désengagement envers la communauté et d’un manque d’énergie à consacrer au développement communautaire.

Un engagement communautaire axé sur les acquis sous-entend une appropriation des enjeux dans une quête commune de solutions. Un engagement communautaire se traduit par une collaboration s’inspirant d’une synergie qui se ressource dans les forces de tous et chacun. Quoique la participation aux activités communautaires à Falher n’est pas l’enjeu comme tel, de graves lacunes au niveau de l’atteinte de résultats stratégiques communautaires concrets est indicatif d’un besoin de remise en question. En d’autres mots, même si un nombre important de membres de la communauté participent à une activité, cela se fait plus par habitude que par conviction d’engagement communautaire.

De plus, un manque de relève au sein des organismes communautaires locaux, accentué par l’exode continu de la jeunesse vers des plus grands centres tels que Grande Prairie et Edmonton contribue non seulement à un vieillissement de la population locale mais aussi à une remise en question des rôles que détiennent les organismes communautaires au sein de la population locale…

Ce phénomène n’est pas unique à Falher puisqu’il touche d’autres communautés touche plusieurs communautés (Saint-Paul, Plamondon, etc.). La quête d’une solution à Falher était en évidence lorsque j’ai eu récemment l’honneur d’animer un atelier sur la gouvernance communautaire. En fait, comme c’est souvent le cas, tout est une question d’objectifs et de marge de manœuvre. Les participants représentaient toute une gamme d’organismes francophones locaux en quête de renseignements supplémentaires en gouvernance communautaire… un pas dans la bonne direction…

Toutefois, il est évident qu’une seule rencontre ne produira pas un contexte qui règlera tous les enjeux rattachés au développement de la communauté francophone de Falher. Cette rencontre devra faire partie d’un processus continu de mobilisation communautaire. Tous les membres d’une communauté ont le droit de se sentir valorisé dans un cadre de développement communautaire. Lorsque ceci deviendra réalité, il sera possible d’apporter des changements positifs aux structures communautaires, aux politiques et aux attitudes qui façonnent la vie en société.

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