Radio Cité, le son de la communauté francophone du grand Edmonton

Article : Radio Cité, le son de la communauté francophone du grand Edmonton
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8 juillet 2019

Radio Cité, le son de la communauté francophone du grand Edmonton

A l’automne 2018, presque dix ans après les premiers balbutiements d’un projet de radio communautaire à Edmonton, Radio Cité 97,9 fait enfin son apparition dans l’univers radiophonique francophone d’Edmonton et que nous avons pu entendre ces mots : « Vous écoutez ‘Bienvenue chez vous’ avec Fernand Bienvenue Ackey sur les ondes de Radio-Cité, 97,9 à Edmonton ! »

Depuis, la question maintes fois posée est la suivante : pourquoi était-il nécessaire de créer une radio communautaire francophone à Edmonton lorsque Radio-Canada existe et offre une excellente visibilité à la francophonie locale ? La réponse n’est pas si facile à expliquer et/ou à comprendre.

Avec l’aide de mon cher ami Google, voici ce que j’ai trouvé sur le Web : « Radio-Canada a comme mandat de refléter la globalité canadienne et rendre compte de la diversité régionale du pays, tant au plan national qu’au niveau régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions. » Et toc. Un mandat que notre société d’Etat respecte admirablement malgré les coupures budgétaires dont elle a été victime au fil des ans.

Radio-Canada ne peut pas tout

Radio-Canada reflète extrêmement bien « la globalité canadienne » et nous donne une place de choix à l’échelle nationale en « rendant compte de nos diversités régionales ». Toutefois, malgré tous ses efforts, Radio-Canada ne peut plus toujours répondre « aux besoins particuliers » qui émanent d’une grande région en plein essor comme Edmonton. D’où la complémentarité essentielle d’une radio communautaire locale.

Une radio communautaire est essentielle afin de bien refléter la diversité culturelle francophone d’une grande ville comme Edmonton, c’est un outil de communication et d’information privilégié.  Radio-Cité permet à la francophonie locale de se retrouver, de partager, de s’identifier par l’entremise de tout un éventail musical francophone, d’information sur des événements spécifiques, et d’offres de programmes et services communautaires. Nul besoin de regarder plus loin que l’émission quotidienne du retour à la maison, Bienvenue chez vous. Animée par Fernand Bienvenue Ackey, togolais d’origine, l’émission se veut un reflet de la communauté locale en incorporant des entrevues avec divers acteurs communautaires, en discutant des sujets d’actualité, et en faisant tourner des artistes francophones autant franco-albertains que québécois, européens et africains.

Photo : Alain Bertrand

Plus que tout, Radio-Cité est le médium idéal pour faire vivre notre langue. Elle donne non seulement une voix aux personnes actives de la communauté, mais aussi aux acteurs communautaires en devenir.

Ayant toujours quelques défis à surmonter (antenne, budget), Radio-Cité est maintenant bien implantée dans le décor francophone d’Edmonton où elle est, en quelque sorte, devenue une forme de place publique. Elle fait partie des stratégies de communication de nombreux organismes et est devenue un incontournable dans la promotion d’événements et spectacles francophones. Les diverses composantes culturelles de la communauté n’hésitent pas à animer une émission ou partager un calendrier d’activités. Dans une communauté aux identités multiples, Radio-Cité est devenue un outil de diffusion d’une langue mais aussi de plusieurs cultures. Radio-Cité a également réussi à réunir autour de son projet de nombreux organismes voués au développement économique, social, et culturel.

Les radios communautaires sont ouvertes à toutes les bonnes idées

Point non négligeable, outre les émissions des heures de pointe, faire de la radio communautaire ne requiert pas de formation particulière ou de CV somnifères débordant d’expériences acquises on ne sait où… Si un membre de la communauté désire faire de la radio, il ne lui suffit en principe que d’avoir une idée innovante d’émission et la chance probable de pouvoir être ajouté à l’horaire des émissions produites par des bénévoles.

J’en suis l’exemple parfait… Depuis la fin octobre 2018, j’anime chaque semaine une émission axée sur le blues. Mon expérience dans le domaine de la radio est limitée et remonte à mes années universitaires. J’animais alors deux fois par semaine une émission qui s’intitulait « L’heure du Capitaine Rock » sur une radio universitaire dont les lettres d’appel étaient CTHC, au grand désarroi du conseil étudiant de l’époque. C’était l’époque des tourne-disques et il fallait s’assurer que l’aiguille atterrisse sur le bon sillon du disque… Expérience devenue complètement inutile à l’ère des MP3.

Mon émission s’appelle Cité Blues et j’y joue du blues sous toutes ces formes, en ajoutant une bonne dose d’appui aux artistes franco-albertains et francophones. Je ne me fais pas d’illusions sur mes cotes d’écoute… Vu les défis d’antenne de Radio-Cité, la transmission du signal est limitée (cela devrait être corrigé au courant des prochaines semaines). Je ne connais pas mes cotes d’écoute mais je reçois régulièrement des commentaires tels que : « Je t’écoutais hier soir », « pas mal l’émission », « j’ai bien aimé la chanson de Richie Arndt et B.B. King », etc. m’indiquant qu’il y a tout de même des personnes à l’écoute. Radio-Cité peut aussi être écoutée via le Web et j’ai quelques fidèles auditeurs à Madagascar et en Côte d’Ivoire…

Bref, tout cela pour dire que la radio communautaire m’a donné l’occasion d’exprimer et partager l’amour que je porte au blues. J’ai un ami à Saint-Boniface, au Manitoba, qui anime une émission similaire de blues depuis plus de 25 ans sur la radio communautaire locale ; faut le faire…

Un laboratoire culturel communautaire

Je ne suis pas seul, d’autres bénévoles amateurs animent des émissions sur le country, la musique dance, la techno, etc. D’autres encore, parfois représentant des organismes communautaires, tiennent la barre d’émissions axées sur divers aspects de l’actualité.

La radio communautaire, c’est aussi un peu un laboratoire culturel communautaire. On peut se permettre certaines choses que notre société d’Etat ne pourrait pas : par exemple, aller plus en profondeur dans certains sujets locaux très spécifiques ; jouer de la musique en une langue autre que le français ; œuvrer avec la relève étudiante dans les écoles… Sur ce dernier point, Radio-Cité est aussi devenue un outil d’apprentissage et de formation qui, en renforçant un sens d’appartenance à la communauté, assure une participation accrue aux mécanismes de décision, d’orientation et de programmation non seulement de la radio mais aussi dans la communauté. Forte de son expérience en radio, la directrice générale Carole St-Cyr n’hésite pas à partager ses acquis un peu partout en province…

N’oubliez pas d’écouter Cité Blues avec Alain Bertrand, sur les ondes de Radio-Cité 97,9 à Edmonton, tous les mardis de 18 h à 20 h (heure locale de l’Alberta). Bonne écoute…

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