Les échos de la chanson francophone en Alberta…

10 avril 2014

Les échos de la chanson francophone en Alberta…

 

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Le festival Edmonton chante est un événement annuel très attendu chaque automne.

Chez les Bertrand de la rue Jeanne d’Arc à Saint-Boniface au Manitoba,  le dimanche était une journée spéciale.  Après nous avoir préparé une bonne tasse de chocolat chaud (à bien y songer,  on en buvait que le dimanche…), le paternel sortait ses microsillons (oui, je sais, moi aussi cela fait longtemps que je n’avais pas vu ce mot…) tant 33 tours que 45 tours…  C’était devenu quasi-religieux. 

Chers lecteurs, il y en a certainement parmi vous qui vous grattez la tête, complètement perplexe, et je vous comprends.  Avant l’apparition du cd au début des années 80, durant l’ère Mésozoïque, les enregistrements musicaux se faisaient sur une sorte de disque noir, à mi-chemin entre une roue et une pizza, que l’on appelait microsillons ou album ou LP.  Voilà pour le cours d’histoire…

Bon, revenons à mon père.  Donc, le dimanche matin pour moi était associé à la musique que mon père nous faisait découvrir inlassablement chaque semaine.  C’est ainsi que j’ai appris à apprécier des grands artistes de la chanson française tels que Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Salvatore Adamo, Mireille Matthieu, Line Renaud, Ginette Reno, Jacques Brel, Charles Treynet, Henri Salvador, et j’en passe…  Pour ceux qui continuent à se gratter la tête, le cours d’histoire est terminé ; veuillez donc rediriger votre curiosité vers Google.

Au fil des ans, j’ai, comme tout bon adolescent qui se respecte, volontairement délaissé la musique que mon père m’avait martelé dans la tête depuis ma tendre enfance.  J’ai découvert des styles de musique légèrement plus rythmés tels que le rock  et surtout le blues… essentiellement anglophones.  Toutefois, durant certaines périodes de « lucidité » (à comprendre comme bon vous semble, c’était après tout les années 70..), je me souviens d’avoir vu des groupes québécois tels que Offenbach et Beau Dommage au Centre culturel franco-manitobain…

Depuis mon arrivée en Alberta il y aura bientôt trente ans – faites pas le calcul, oui, j’ai des cheveux gris – je me considère chanceux d’avoir eu le privilège d’apprécier, principalement en tant que spectateur, mais aussi en tant que journaliste et parolier, l’évolution de la chanson française dans notre belle province.  Je ne prétends pas avoir toutes les connaissances de l’historique de la chanson francophone en terre albertaine, loin de là.

Enfin, tout ce blabla pour vous souligner un peu l’importance que la musique a toujours eu dans ma vie… 

Ok, voici donc l’événement qui m’a amené à écrire ce blog…  Lors d’un voyage récent à Winnipeg, j’ai eu l’occasion de discuter avec une jeune dame assez impliquée dans le secteur des Arts dans sa communauté.  Je ne divulguerai pas son identité car c’était une charmante jeune femme qui m’a admis ce qui suit en toute innocence… En discutant avec elle, elle m’a posé une question qui m’a estomaqué : « Avez-vous des artistes francophones en Alberta ?  Car je n’en connais pas… ».  Ouf.  Je me souviens d’avoir tellement froncé mes sourcils que j’en ressentais une douleur…  Pas d’artistes francophones en Alberta ?  Je ne suis habituellement pas un homme qui parle beaucoup mais là je me souviens avoir déversé toute une longue liste de ce qui se fait en chanson francophone en Alberta… 

Comment est-ce possible que nos artistes soient si peu connus à l’extérieur de nos frontières ?  Le Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA) travaille très fort à développer tous les secteurs artistiques de la francophonie albertaine, avec même, ce que je considère comme étant une emphase particulière sur la chanson.  Là n’est pas le problème.  Il semble y avoir une certaine balkanisation provinciale dans le cadre du secteur de la chanson où chaque communauté fait la promotion de ses artistes sans vraiment trop s’ouvrir à ce qui se fait ailleurs.  Bien sûr, je généralise.  Par contre, quoique les chemins des artistes des provinces des Prairies se croisent assez régulièrement, combien de nos artistes sont connus en Colombie britannique ou en Ontario ?  Au Québec ?

Par conséquent, j’aimerai maintenant faire ma part, aussi minime soit-elle, dans la promotion de nos artistes francophones en Alberta…  En voici donc quelques uns…

Ariane Mahryque Lemire est une jeune femme pleine de sensualité.  Chantant souvent les pieds nus (en Alberta, cela prend parfois une bonne dose de courage), ses chansons dégagent un certain humour axé sur son vécu tant romantique qu’artistique.  Son style est entièrement le sien, s’accompagnant elle-même à la guitare, Ariane, par l’entremise de ses chansons, dégage une franchise mélancolique qui apporte un grand  air de fraicheur…

Mireille Moquin – que dire de Mireille ?  Ses chansons, un mélange de pop et de folk, démontrent une intense originalité et contribuent à assurer que sa présence sur scène ne cesse de captiver son auditoire.  Son album « Au revoir Princesse » contient des textes qui peignent des images des plus colorées et annonce l’atteinte d’une certaine maturité tant au niveau des compositions que de la production.

Marie-Josée Ouimet est devenue une incontournable de la chanson franco-albertaine.  S’alimentant en grande partie dans les styles jazz et blues, Marie-Josée s’est forgé une solide réputation sur la scène albertaine.  Au top de son art, elle appose sa voix agréable et finement modulée à chacune de ses chansons. 

Allez Ouest est un groupe de quatre musiciens qui est devenu l’incarnation de l’exemple parfait d’un groupe rock-folk-country franco-albertain.  Comprenant des musiciens chevronnés tels que Robert Walsh, Joël Lavoie. Jason Kodie et Mireille Moquin, Allez Ouest livre un produit bien cossu.  La chanson éponyme « Allez Ouest » est en elle-même l’apogée de la remise en question ouestrienne, le « Qui suis-je ? » de l’identitaire franco-albertain…

Étienne Grangé-Praderas, un ami de longue date et un multi-instrumentaliste hors-pair, a quitté sa Provence natale il y a belle lurette pour venir s’installer en Alberta.  Harpiste extraordinaire, Étienne sait comment allier la musique celte à des rythmes africains par l’entremise d’une mandoline, une guitare ou une flûte.  Musicien bien connu à Calgary, Étienne est aussi un peintre.

Originaire de Saint-Isidore, un hameau francophone situé dans la région de Rivière-la-Paix dans le nord-ouest de l’Alberta, Joël Lavoie semble avoir un don pour refléter le grand air et le vent des grandes étendues de sa région natale.  Avec des titres tels que « Tournesol »,  « Nouveau Jour »,  « l’Été éternel », son disque « La Récolte » chante l’été et offre des images de champs de canola à perte de vue…

Jason Kodie est l’homme à tout faire de la musique dans la grande région d’Edmonton.  Que ce soit par l’entremise de groupes tels que le Fuzz, Allez Ouest, Captain Tractor, Les Fistons, Hookahman, etc., la musique de Jason et son inséparable accordéon résonne d’un bout à l’autre de la province.

L’inimitable et l’inévitable Ronald Tremblay, une véritable institution au sein des organismes d’appui (co-fondateur du Chant’Ouest, entre autres) a lui-même endisqué un excellent album, «Poésie pour le poivre »,  au début des années 2000…  Mes chansons préférées : « Rock n’Relaxe » et « le Son de mes mots »…

Bien sûr un listing des artistes de la chanson francophone albertaine serait incomplet sans la reine canadienne du Cajun, Crystal Plamondon…  Laissons le bon temps rouler…

Il y en a bien d’autres !  Robert Walsh, Paul Cournoyer, Jessica Holtby, Roger Dallaire, et j’en passe…  Des flancs des Rocheuses aux étendues des prairies, des coulees du sud aux forêts du nord, que l’écho des voix francophones puisse continuer à résonner en Alberta…

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