L’école – pierre angulaire de la communauté francophone de Beaumont

24 janvier 2014

L’école – pierre angulaire de la communauté francophone de Beaumont

Qu’est ce qui définit une communauté ? Comment une communauté peut-elle se bâtir, se développer et s’épanouir ?

Ce mois de janvier 2014 a vu l’éclosion d’un rêve à Beaumont, petite municipalité d’environ 14 500 âmes située à une quinzaine de kilomètres au sud d’Edmonton, mon petit « chez-moi »… Éclosion n’est peut-être pas le bon mot car pour de nombreux Beaumontois, dont moi, c’est plutôt l’aboutissement d’un rêve… Enfin, une municipalité, qui se dit officiellement bilingue depuis belle lurette, aura son école francophone ! Il y a maintenant quatre municipalités officiellement bilingues en Alberta (Beaumont, Legal, Plamondon, Falher) et Beaumont est la seule à ne pas avoir son école francophone…

La communauté francophone de Beaumont, selon la plupart des dires, se chiffrerait à 10 % de la population de la municipalité, donc à environ 1 500 personnes… La plupart de ces personnes sont les familles et les descendants de ces irréductibles francophones qui sont à l’origine de la création du village de Beaumont vers la fin du 19e siècle. D’autres sont de jeunes familles franco-albertaines, québécoises et acadiennes venues s’installer à Beaumont en quête d’un endroit tranquille pour vivre dans une région fertile en emplois de toutes sortes, à proximité d’un aéroport international permettant des déplacements assez faciles vers, entre autres, Fort McMurray. D’autres encore sont des nouveaux arrivants en terre canadienne en provenance du Congo, du Sénégal, de l’Algérie, de la France et de la Belgique… Enfin, il y a les rêveurs comme moi qui espéraient échapper aux réalités associées à une ville métropole tout en appréciant voir des vaches et des chevaux en milieu rural chaque matin… Bof, cela est une autre histoire….

Là où je veux en venir c’est l’importance que peut avoir la contribution d’une école au développement d’une communauté. Dans une communauté en situation linguistique minoritaire, et ce encore plus particulièrement dans l’Ouest canadien, l’école est à la base de ce qui définit une communauté. L’école est un service public qui, par la force des choses, est une pierre angulaire sociétale ; l’école se doit donc d’être réfléchie dans sa globalité, dans le cadre d’une réflexion communautaire.

Tout cela ne veut pas faire sous-entendre que la langue française n’a jamais eu sa place à Beaumont ! Toutes les écoles situées sur le territoire de la ville de Beaumont sont d’excellentes écoles d’immersion française. Il n’est pas rare pour mes enfants, qui sont francophones, de se faire inviter à jouer par d’autres enfants de Beaumont, parfaitement bien éduqués en immersion française et fiers de pouvoir pratiquer leur deuxième langue…

Et c’est ce point de deuxième langue qui fait toute la différence… Quand on pense à une école, on doit penser à une certaine appropriation culturelle, on doit penser à la construction identitaire, on doit penser à la création d’un sens d’appartenance à sa communauté. Ce sont ces concepts qui ne se retrouvent pas dans une école d’immersion française où l’enseignement est entièrement axé sur l’apprentissage d’une langue seconde.

Il y a des francophones à Beaumont, oui, mais est-ce une vraie communauté ? J’y habite depuis presque dix ans et comme bien d’autres, j’étais surpris de voir la soixantaine de parents intéressés lors de la rencontre inaugurale pour une école francophone. Les francophones de Beaumont se sentent isolés sans de vraies raisons de se rassembler. Un grand nombre de parents envoient leurs enfants à l’École Sainte-Jeanne-D ‘Arc à Edmonton (comme moi !) et, en ce faisant, ne créent pas de vrai lien avec la ville de Beaumont où ils ont pourtant choisi de vivre. D’autres parents envoient leurs enfants dans des écoles d’immersion à Beaumont afin de leur éviter le va et vient quotidien en autobus vers l’école francophone à Edmonton.

L’école francophone à Beaumont est au cœur d’un vrai projet de développement communautaire car elle deviendra un point de rassemblement, un centre de création identitaire par excellence. Une école francophone permettra de s’ouvrir sur le monde francophone par l’entremise d’une augmentation du sens d’appartenance à la francophonie locale. Ce sera un outil de rassemblement qui s’ouvrira aux parents, à la communauté, à la ville de Beaumont… Je sais, je sais… trop de vocabulaire d’ancien fonctionnaire fédéral… Toutes mes excuses!

Le projet d’une école francophone à Beaumont est accompagné de deux projets parallèles : la création d’une garderie francophone et la création d’une prématernelle francophone. Trois projets qui s’imbriquent bien l’un dans l’autre car ils sont inséparables. Avec l’ouverture d’un nouveau centre communautaire à Beaumont en septembre 2015, un espace de 6 000 pieds ² carrés y est déjà réservé pour une garderie qui sera soit entièrement francophone ou bilingue, répondant ainsi aux rêves d’un grand nombre de parent beaumontois.

L’école est un véritable fer de lance communautaire et il essentiel de la percevoir comme un lieu de cohésion sociale. À Beaumont, c’est un projet qu’il faudra habiller solidement afin qu’il puisse bien porter les aspirations d’une communauté entière et en assurer l’épanouissement…

Étiquettes
Partagez

Commentaires