La francophonie albertaine perd un de ses architectes le 29 décembre 2013.

18 janvier 2014

La francophonie albertaine perd un de ses architectes le 29 décembre 2013.

1-Eugene_Trottier

Qu’est qu’un architecte communautaire ? C’est tout d’abord une personne convaincue, en quelque sorte, plus qu’un partisan mais bel et bien un ardent artisan de l’avenir de sa communauté. Eugène Trottier savait porter et partager sa vision communautaire. Toujours à l’affut des changements dans sa communauté, il a su influencé la francophonie albertaine tout en la naviguant, sans grands coups de barre, vers une plus grande ouverture et une meilleure compréhension d’elle-même.

Eugène Trottier est né le 30 juillet 1922 à Saint-Denis d’Anjou en France. Arrivé en Alberta en 1952, il s’installe à Edmonton après être passé par Legal, petite municipalité située à une soixantaine de kilomètres au nord de la capitale albertaine. Premier salarié de l’Association canadienne-française (ACFA), Monsieur Trottier a passé une bonne partie de sa vie, soit une trentaine d’années, à travailler au service de sa communauté d’adoption.

A l’époque, l’ACFA, organisme porte-parole de la francophonie albertaine, était en quête de membres. En sillonnant les quatre coins de la province, Eugène Trottier était l’émissaire parfait. Que ce soit à Saint-Isidore ou Falher dans le nord-ouest de la province, ou Saint-Paul ou Bonnyville, dans le nord-est, ou encore à Calgary, tout le monde le connaissait. En janvier 2013, j’ai eu l’honneur de participer au 40e anniversaire du bureau régional de l’ACFA à Saint-Paul et les éloges fusaient toujours de toutes parts pour la contribution qu’avait apporté ce grand architecte communautaire à la région de Saint-Paul.

Eugène Trottier a prit sa retraite bien méritée au début des années 80.

J’ai eu l’occasion de rencontrer Monsieur Trottier à plusieurs reprises. Pour lui, j’étais « Patrimoine », faisant référence à mon ancien emploi au Ministère du Patrimoine canadien. « Ah, Patrimoine, comment vas-tu ? », me disait-il. Même s’il connaissait mon nouvel emploi à l’ACFA, j’étais toujours « Patrimoine »…

Puisque je siège au conseil d’administration d’un organisme humanitaire, Ubuntu Edmonton, avec sa fille Lisette, j’ai eu l’occasion de le revoir à plusieurs reprises lors d’activités de levées de fond et lors d’assemblées générales annuelles. « Ah, Patrimoine, je suis content que tu sois avec Ubuntu », me répétait-il. Nous discutions des divers projets reliés au Centre César et de Nicole Pageau, une dame pour laquelle il avait beaucoup de respect.

Le dernier entretien que j’ai eu avec lui était lors de son 90e anniversaire. Ne sachant pas trop à quoi m’attendre, j’avais hésité de m’y rendre. Je ne voulais pas que l’image de l’homme que je connaissais, que je voyais un peu comme mon mentor communautaire soit immuablement changée en celle d’un homme qui avait atteint le bout de son chemin… Tel ne fut pas le cas… Je retrouvai un homme en pleine possession de ses moyens intellectuels, un homme rempli de fierté d’avoir toute sa famille et ses amis autour de lui… Je me suis agenouillé à ses côtés et nous avons eu un entretien d’une vingtaine de minutes sur les nombreux dossiers de l’ACFA.

C’était un homme volubile, généreux et gentil, enthousiaste, possédé d’une disposition toujours ensoleillée, prêt à partager ses connaissances et toujours en quête de nouvelles…

Merci Monsieur Trottier pour tout ce que vous avez contribué à la francophonie de votre dernière patrie, l’Alberta…

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